C’est peut-être parce qu’ils parlent à l’origine la même langue que ces deux peuples ont pris si grand soin de se différencier.
Anglais et Français négocient deux trajectoires distinctes, et pour s’assurer que tel restera le cas, ils ont décidé d’envisager l’avenir selon des modalités propres.
Les Français, réputés si légers, se révèlent obsessionnels : ce qu’ils mettent à leur programme, ils le voient comme une tâche à accomplir.
On sait que notre futur se forme en accolant l’auxiliaire avoir à un infinitif : je partir-ai, entendez, j’ai à partir, il faut que je parte, quitte à contracter, à la villageoise, nous partir-avons en nous partir-ons.
Ce futur pas si simple se présente comme une contrainte, voire comme une corvée, que souvent les villageois ont rechigné à accomplir.
À l’opposé, nos voisins le présentent comme l’effet d’une volonté pure
I will, we will, implique l’idée d’une décision ferme, relevant du libre arbitre, sinon d’une décision souveraine, supérieure à l’événement.
Les poilus sont montés au front par devoir, et les tommies se sont racontés qu’ils avaient le choix.
Cet empire sur eux-mêmes, Dieu veuille qu’ils le gardent.