Naguère encore, quand on parlait d’artistes engagés, on évoquait un phénomène minoritaire, lié aux convictions idéologiques de leurs auteurs, à un sentiment d’urgence qui les faisait se dresser contre diverses formes d’injustice.
Il semble aujourd’hui que la proportion se soit inversée, et qu’aucune création ne soit considérée comme recevable si elle ne traite pas d’une problématique liée à l’oppression ou à une discrimination, s’agissant de la question des minorités, du genre, des violences intrafamiliales, etc.
On peut craindre un effet pervers : que l’audace subversive se mue en conformisme à rebours, que le service d’une juste cause ne se fasse aux dépens de l’expression d’un regard singulier, sans enrichir notre héritage commun d’un nouvel imaginaire.
Les deux ne sont pas incompatibles : un Fellini pouvait se montrer mordant tout en nous offrant un monde.