En occident, la religion est souvent envisagée comme le réceptacle d’un dogme, le support d’une foi.
Cela est dû au fait que nous envisageons les nations européennes comme des collections d’individus, dont chacun intérioriserait pour lui-même problématiques et débats.
Mais il convient, y compris dans ce contexte, d’élargir le point de vue, et de reconnaître que nous sommes, même athées ou agnostiques, formatés par les croyances de nos aïeux, et que c’est culturellement, bien plus en profondeur, que nous en restons imprégnés.
Nous admettons généralement qu’un protestant n’aura pas le même regard sur l’argent et les affaires qu’un catholique, qu’un évangéliste américain recevra sa réussite comme une récompense éclatante du ciel, là où un parpaillot croira devoir s’en tenir à une apparence de discrétion et d’humilité.
Nous savons aussi que si Néerlandais et Flamands parlent la même langue, comme il en va aussi pour Serbes et Croates, l’Histoire les a distingués en tant que nations parce qu’ils ne relèvent pas de la même observance.
Partout ailleurs, depuis longtemps et pour longtemps encore, le tableau prend une tout autre ampleur. Fidèles et croyants sont tenus de naissance à un respect des formes qui implique une allégeance aux parents, au groupe, au point de leur interdire de consommer, de convoler, voire de mourir, autrement que selon l’usage.
Fustel de Coulanges, dans la Cité antique, souligne la différence entre mos et lex, entre la coutume et la loi.
Il souligne que dans tous les cas, la coutume l’emporte sur la loi, ce qui nous explique la difficulté que certains gouvernants épris de progrès et de modernité éprouvent à réformer, entre autres, le Code de la famille et le statut des minorités.
En d’autres termes, la religion n’est le plus souvent qu’un habillage, un surmoi de la coutume ; quant à la loi, voire à la nécessité de légiférer, elles restent souvent présentées comme l’effet d’une pression colonialiste, dont il serait politiquement correct de songer à s’émancipe
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