Contrairement à l’idéal revendiqué par les démocrates de l’ouest européen, le système judiciaire n’est pas vu aux États-Unis comme le lieu de la recherche d’une équité de traitement entre citoyens, mais comme un terrain d’affrontement où le plus fort l’emportera – en d’autres termes, pour paraphraser Clausewitz, comme la continuation de la guerre par d’autres moyens.
L’Américain moyen croit savoir – et il a de bonnes raisons pour cela, que l’issue d’un combat judiciaire dépend du degré de compétence des avocats qu’il a les moyens de se payer, lors même qu’une certaine élite peut s’offrir les meilleurs ; ladite élite est identifiée au camp des urbains, du politiquement correct, des donneurs de leçons des deux côtes.
Quand Trump attribue ses ennuis judiciaires à une persécution politique, il prêche des convertis, prompts à considérer que leur porte-parole paie son ralliement à leur cause.
Ainsi s’explique qu’ils comptent pour rien la kyrielle de condamnations encourues par leur candidat, et qu’ils y voient au contraire confirmation du bien fondé de leur soutien.
Trump s’est installé avec succès dans le rôle du héros sacrificiel, voué à épouser leur humaine condition. De quoi fortifier l’idée qu’au jour dit, ils éliront un des leurs.